Joint-ventures dans l’acier
Joint-ventures dans l’acier. Les Chinois aux Etats-Unis, les Coréens en Inde et en Indonésie, les investissements se multiplient dans la sidérurgie ; mais pour s’établir dans de nouveaux pays les firmes étrangères s’associent à une entreprise locale. Le numéro six de la sidérurgie chinoise, Anshan Steel – 20 millions de tonnes d’acier produites en 2009 –, vient d’annoncer un investissement dans un tout nouveau producteur d’acier, Steel Development Co., établi à Amory dans le Mississipi. Face aux critiques des autorités américaines, un haut-fonctionnaire chinois rappelait la semaine dernière aux aciéristes chinois de ne pas oublier la leçon des constructeurs automobiles japonais. Accusés de dumping par le gouvernement, ceux-ci s’étaient massivement implantés aux Etats-Unis dans les années 1980. Aujourd’hui Honda produit plus d’automobiles aux Etats-Unis qu’au Japon. Cet investissement d’Anshan, dans un aciériste dont les capacités annuelles ne dépassent actuellement pas les 300 000 tonnes, pour un investissement de 175 millions de dollars, n’est pas d’une grande ampleur. Elle pourrait toutefois adoucir les autorités américaines à la veille de la visite à Pékin de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et du secrétaire au Trésor Timothy Geithner. Dédié à la fabrication d’acier à béton, le mini-mill qui emploiera 200 salariés ne va pas bouleverser un marché, qui aux Etats-Unis représente 7,5 à 9,5 millions de tonnes (Mt). Pour Mark Bula, le responsable commercial de SDCO qui n’a pas révélé les détails de l’accord, il s’agit du début d’une longue coopération. Cet investissement est le signe de notre confiance dans le rebond attendu de l’activité du BTP aux Etats-Unis, expliquait un porte-parole d’Anshan. Selon Li Xiang, un analyste de Minmetals, cet investissement va surtout permettre à Anshan d’acquérir des connaissances dans la technologie des fours à arc électrique qu’il ne maitrise pas et qu’il pourra appliquer en Chine où les fours électriques sont encore peu répandus. C’est avant tout « un investissement politique », a cependant ironisé Michelle Applebaum, la directrice de Steel Market Intelligence. L’Inde, future terre d’acier En Inde, ce sont les difficultés à mener à bien leurs projets qui semblent inciter les grands sidérurgistes à s’associer à leurs concurrents locaux. Le coréen Posco, le numéro cinq de la sidérurgie mondiale, se heurte dans l’Orissa à l’opposition des populations locales pour construire une aciérie de 12 Mt de capacité, à l’étude depuis 5 ans. En attendant, Posco envisage de s’associer au numéro un indien, l’entreprise d’Etat Steel Authority of India (SAIL) pour construire une aciérie de 2 Mt à Bokaro dans le Jharkhand. Cette association offrirait à JAIL l’accès à l’une des technologies les plus avancées du secteur. Pour réaliser l’ambitieux projet de 60 Mt d’acier produites en 2020, SAIL étudie également un joint-venture avec Arcelor Mittal. Le premier sidérurgiste mondial, qui se heurte également à d’importantes difficultés pour réaliser ses vastes projets indiens, attiré par les mines fer de Chirla détenues par SAIL, pourrait construire en partenariat avec l’entreprise indienne, une aciérie de 3 à 4 Mt de capacité dans l’est du pays. En outre, a récemment indiqué son président, S.K. Roongta, SAIL étudie également des projets communs avec son compatriote Tata Steel et le japonais Kobe Steel. En Indonésie, le producteur national Krakatau Steel s’est associé à Posco pour un important projet qui sera finalisé à la fin du mois. Bénéficiant d’un investissement de 6 milliards de dollars, la nouvelle aciérie, située à Tangerang dans le Baten, sera opérationnelle en 2013 avec une capacité initiale de 3 Mt. Pour absorber cette nouvelle production de brames, Krakatau va construire un laminoir à chaud qui recevra 166 millions de dollars d’investissement.