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L’Inox chinois tire le nickel

L’Inox chinois tire le nickel

L’Inox chinois tire le nickel. Tirée par la demande de la sidérurgie chinoise, la hausse du prix du nickel sera limitée par la montée en puissance de la production locale de fonte de nickel. La cotation settlement du nickel a repris son ascension sur le London Metal Exchange, elle a même franchi les 25 000 dollars la tonne le 1 e avril, un niveau qu’elle n’avait plus tutoyé depuis juin 2008. Dans le même temps, les stocks de nickel détenus par la bourse londonienne ont commencé à se dégonfler depuis le plus haut du 9 février dernier. Une tendance qui devrait se maintenir, estime Jim Lennon de Macquarie Research, suite au déficit actuel du marché. Le principal facteur de cette hausse est le fort rebond de la production d’acier inoxydable, qui représente les deux tiers de la consommation de nickel. De plus, souligne l’analyste, les déchets d’Inox (45% de l’alimentation des producteurs d’acier inoxydable habituellement) sont moins disponibles. Enfin, la grève qui a interrompu depuis mi-juillet 2009 la production des sites canadiens de Vale Inco à Voisey’s Bay et Sudbury a également retiré une part significative, 7%, de l’offre globale de nickel. A part la reprise du travail au Canada, qui finira bien par se produire, la plus importante incertitude du marché du nickel concerne la Chine , souligne Jim Lennon. La méthodologie utilisée pour évaluer l’offre et la demande de métal en Chine est sujette à caution, rappelle l’analyste. Suivant les différentes sources la production d’acier inoxydable chinoise en 2009 varie entre 8,8 et 10,4 millions de tonnes (Mt) – les petits producteurs ne sont souvent pas pris en compte dans les statistiques – et en conséquence le montant des stocks constitués l’an dernier est évalué entre 50 000 et 150 000 tonnes. Globalement en 2009, a calculé la banque australienne, les importations nettes chinoises ont bondi sur un an de 42,2% à 612 500 tonnes. Des achats qui ont fortement varié tout au long de l’année entre 23 000 tonnes en octobre et 85 000 tonnes en juillet. Les acheteurs chinois ont su profiter des fortes variations de prix du métal sous ses différentes formes, augmentant leurs importations quand les prix chutaient et les réduisant quand ils remontaient. Selon ses propres estimations, la production chinoise d’Inox a atteint 9,385 Mt en 2009, affirme Lennon, soit une hausse de 33% par rapport à l’année précédente. Profitant de l’effondrement de la demande dans les pays de la zone OCDE, la part de la demande chinoise dans la consommation de nickel a bondi à 43% en 2009. Le rythme de croissance de la production semble s’être accru au premier trimestre 2010 puisqu’avec une production estimée de 2,73 Mt elle a progressé de 48% sur un an. Pour l’ensemble de l’année la banque prévoit une hausse de 20% de la production d’acier inoxydable à 11,26 Mt, soit 39% de la production mondiale. Dans ce contexte Lennon attend une augmentation de 12,7% de la demande chinoise de nickel à 558 000 tonnes, soit également 39% de la demande mondiale. La fonte de nickel. Un spectre hante le marché du métal du diable, la fonte de nickel chinoise. La fonte de nickel (NPI, nickel pig iron) est un alliage, un ferronickel, contenant 3 à 15% de nickel. Lorsqu’une pénurie relative avait propulsé les cours de la tonne de nickel au-dessus des 50 000 dollars en 2007, les producteurs chinois avaient réagi en ajoutant dans des haut-fourneaux du mirerai latéritique à faible teneur en nickel à du charbon à coke. La fonte de nickel ainsi produite pouvait être utilisée dans des applications ne requérant pas une haute qualité. Relativement onéreux, ce procédé n’était rentable que si les cours du nickel étaient élevés. Depuis, les producteurs ont affiné leur procédé, utilisant des fours à arc électrique dédiés et leurs coûts de production ont nettement baissé, entre 15 400 et 17 600 dollars selon le courtier australien DJ Carmichael. Pour Macquarie, les producteurs de NPI sont rentables à un niveau de prix plus élevé, de 17 600 à 19 800 dollars. Selon Macquarie, pas moins de 103 000 tonnes d’équivalent nickel ont été produits sous forme de fonte de nickel en 2009. Poussée par le rebond des cours du métal cette production devrait grimper de 24% à 128 000 tonnes en 2010. Si les analystes de RBS tablent sur 110 000 tonnes de fonte de nickel en 2010, ils rapportent que certains producteurs chinois parient sur 180 000 tonnes. Considéré initialement comme juste un substitut de basse qualité au métal, la fonte de nickel a prix une place importante dans la production chinoise d’Inox, estime DJ Carmichael, d’autant plus, renchérit Joe Lunn, un analyste de Finncap, que la qualité du produit s’est sensiblement améliorée. « Si les aciéristes utilisent du nickel comme produit de base, ils vont perdre de l’argent…s’ils utilisent du NPI ils feront un petit profit », explique le responsable de l’analyse nickel du consultant Antaike, Xu Aidong.

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jeudi 8 avril 2010